5

Les cheveux longs, mal rasés, seulement vêtus d’un pagne de jonc, une dizaine de paysans progressaient lentement dans un marécage, non loin de la nouvelle capitale des Hyksos. Ils tiraient quatre gros bœufs en direction d’un îlot où poussaient des souchets, moelleux à souhait.

— Avance plus vite, grogna leur chef, un moustachu, en apostrophant un retardataire.

— T’as pas fini de jouer les gardes-chiourme ?

— Regardez plutôt devant vous, recommanda un troisième larron, couvert de boue pour se protéger des moustiques. Par une belle journée comme celle-là, avec un ciel dégagé et un petit vent du nord, pourquoi s’énerver ?

— Parce que les occupants ont confisqué mon champ ! répondit le Moustachu.

— Ne finit-on pas par s’habituer à tout ? S’occuper des bœufs, ce n’est pas si désagréable.

— Sans liberté, rien n’est bon.

Le Moustachu pensa aux longues heures consacrées à irriguer, à entretenir ses outils, à semer, à récolter, à discuter avec les scribes du Trésor pour faire baisser ses taxes… Que de tracas et quelle lutte constante avec la nature, à la fois généreuse et impitoyable ! Il se plaignait sans cesse de son sort, ignorant ce que l’avenir lui réservait.

Non contents de l’avoir dépouillé, les Hyksos l’obligeaient à diriger ce groupe de miséreux, habitués à faire paître les bœufs dans une zone souvent inondée. Les querelles étaient fréquentes, l’atmosphère étouffante.

— On va manger du poisson grillé, annonça un joufflu en passant la langue sur ses lèvres. Je l’ai péché avant l’aube, et, celui-là, on ne le déclarera pas à l’officier !

Chaque matin et chaque soir, des soldats hyksos contrôlaient les bouviers. En échange de leur labeur, ils n’avaient droit qu’à une galette d’épeautre, à des oignons et, une fois par semaine, à du poisson séché, souvent immangeable.

— S’ils aperçoivent la fumée, on sera bastonnés !

— On est trop loin dans le marais pour qu’ils la repèrent.

À l’idée du festin, tous salivèrent.

— Attention, les gars… Il y a quelqu’un sur l’îlot !

Les cheveux couverts d’un turban, le visage mangé par une barbe noire, assis dans une nacelle en papyrus, un homme étrange faisait rôtir un ragondin.

— Drôle de tête, constata le Moustachu.

— Un mauvais génie du marais, c’est sûr… Fichons le camp !

— Profitons plutôt de son feu, recommanda le Joufflu. Contre nous tous, il ne fera pas le poids.

Les bouviers s’approchèrent.

L’homme se leva lentement et fit face aux arrivants.

— Déguerpissons, je vous dis… Ce n’est pas un être humain !

L’étranger brandit une fronde. Dès que le paysan paniqué tourna les talons, l’arme virevolta à une vitesse incroyable, une pierre en jaillit et frappa le fuyard à la nuque.

Le blessé s’effondra dans l’eau glauque. Si le Moustachu ne l’avait pas rattrapé par les cheveux, il se serait noyé.

— Venez jusqu’à moi, les amis… Vous n’avez rien à craindre.

Morts de peur, les bouviers avaient peine à le croire.

Le Joufflu préféra obéir, ses camarades le suivirent.

— N’oubliez pas vos bœufs, recommanda leur hôte avec un sourire ironique.

Fatigué, l’un des quadrupèdes mugit et refusa d’avancer. Des coups de baguette sur l’échine le firent changer d’avis.

Un à un, les paysans grimpèrent sur la butte. Les animaux se secouèrent et purent enfin brouter.

— Qui est votre chef ? interrogea le barbu.

— C’est lui ! répondit le Joufflu en désignant le Moustachu. Et toi, qui es-tu ?

— Appelle-moi l’Afghan.

Les paysans se consultèrent du regard. Aucun d’eux ne connaissait ce mot-là.

— C’est quoi, un Afghan ?

L’étranger fouilla dans la poche de sa tunique brune et en sortit une pierre bleue, qui semblait contenir des particules d’or.

La merveille éblouit les bouviers.

— Ça doit valoir une fortune ! On dirait… du lapis-lazuli !

— Il n’en existe pas de plus beau, affirma l’Afghan. Où as-tu déjà vu une pierre comme celle-là ?

— Mon cousin était prêtre du dieu Ptah. Lors de son décès, ses collègues lui ont offert un scarabée de cœur en lapis-lazuli, et j’ai été autorisé à l’admirer avant qu’il ne fût placé sur la momie. Comment aurais-je pu oublier une telle splendeur ?

— Le lapis-lazuli provient de mon pays, l’Afghanistan. Quand un pharaon régnait sur l’Égypte, mes compatriotes lui en livraient une grande quantité qu’ils échangeaient contre de l’or. Seuls les temples étaient autorisés à le façonner. Aujourd’hui, tout a changé. L’occupant hyksos ne se préoccupe ni de rites ni de symboles, et l’achat du lapis-lazuli ne l’intéresse plus. Il faudrait le lui donner, comme le reste ! À cause de lui, l’Afghanistan est privé de sa principale source de richesses.

— Alors, tu serais un ennemi des Hyksos ?

— Je suis l’ennemi de quiconque m’appauvrit. Ma famille est propriétaire du principal gisement de lapis-lazuli. Elle vivait dans une demeure somptueuse, employait de nombreux domestiques et possédait tant de têtes de bétail qu’elle ne les comptait plus. Depuis que le commerce avec l’Égypte est interrompu, c’est la pauvreté. L’année dernière, ma mère est morte de désespoir, et je me suis juré de me venger des responsables de son décès.

— Tu veux dire… les Hyksos ?

— Ils m’ont ruiné et ont condamné les miens à la misère. J’appartiens à un peuple de guerriers qui ne supportent pas de tels affronts.

— Tu ferais mieux de rentrer chez toi, conseilla le Joufflu ; l’armée de Pharaon a été anéantie, et il n’existe plus aucune opposition à l’occupant.

— Oublierais-tu Thèbes ? s’étonna le Moustachu.

— Thèbes… Ce n’est qu’un mirage.

— N’est-ce pas la cité sacrée du dieu Amon ? questionna l’Afghan.

— En effet, mais elle n’abrite plus qu’une reine sans pouvoir et quelques vieux prêtres confits en dévotion. Du moins, c’est ce qu’on prétend.

— Serait-ce inexact ?

— Je l’espère !

— Existe-t-il une résistance organisée ?

— Si c’était le cas, trancha le Joufflu, ça se saurait ! Et pourquoi ça te passionne tant, l’étranger ?

— Tu n’as toujours pas compris, l’Égyptien… Je veux vendre mon lapis-lazuli, redevenir riche et restaurer le prestige de mon clan. C’est mon unique but, et je lui consacrerai mon existence, quels que soient les risques. Si les Hyksos avaient été d’honnêtes commerçants, je me serais entendu avec eux.

Mais jamais ils ne concluront un traité commercial, car ce sont des prédateurs sans foi ni loi. Une seule solution : les chasser et favoriser le retour d’un pharaon qui, lui, ne modifiera pas les règles du jeu à sa guise.

Le Joufflu éclata de rire.

— Tu es un comique sans égal, l’Afghan ! Dans ton pays, on ne doit pas s’ennuyer.

— Mon père a livré des lapis-lazulis à Thèbes et il a été grassement payé. J’ai entendu dire qu’Amon n’était pas le seul dieu de la région et qu’il avait comme allié Montou, incarné dans un taureau vigoureux et capable de terrasser n’importe quel adversaire.

— Les dieux ont quitté les Deux Terres, estima le Moustachu.

— Pourquoi ne reviendraient-ils pas ?

— Parce que, bientôt, il n’y aura plus personne pour les accueillir.

— Pas même le prince de Thèbes ?

— C’est une reine qui contrôle la ville, mais personne ne sait si elle est encore vivante.

— Alors, la révolte naîtra ici, dans ce marais.

— Avec qui ? s’inquiéta le Joufflu.

— Avec ceux d’entre vous qui accepteront de m’aider.

— Mais… tu es complètement fou !

— Aucun ennemi n’est invincible, surtout quand il se croit tout-puissant. Le dard d’une petite guêpe n’inflige-t-il pas une violente douleur au colosse qu’elle parvient à piquer ?

Le Moustachu était intrigué.

— Quels sont tes projets ?

— Former un essaim. Mais asseyez-vous donc et fumons une plante de mon pays qui détend l’esprit et le rend plus clairvoyant.

Abandonnant le ragondin trop cuit au Joufflu qui n’en fit qu’une bouchée, au grand dam de ses camarades, l’Afghan alluma de petits rouleaux de haschisch qu’il distribua aux paysans.

— Aspirez lentement, laissez la fumée sortir par les narines et par la bouche… Peu à peu, vous oublierez la peur.

Tous commencèrent par tousser, mais le bon rythme fut vite adopté.

— Ce n’est plus un marais, mais un jardin paisible, constata le Joufflu.

Plusieurs bouviers opinèrent du chef. Seul le Moustachu semblait réticent.

— Fumer cette plante n’ouvre pas seulement les portes du rêve, précisa l’Afghan, car elle possède une autre qualité qui nous sera très utile.

— Laquelle ? demanda le Joufflu, dont les pupilles s’étaient dilatées.

— Elle oblige les traîtres à se dévoiler.

— Ah bon… Et comment ça ?

— Ils perdent contenance, suent à grosses gouttes, bredouillent des explications inconsistantes puis finissent par avouer… Avouer qu’ils espionnent leurs camarades pour le compte des Hyksos. Comme toi, par exemple.

— Moi ? Mais comment… ? Tu dis… tu dis n’importe quoi !

— Je t’ai vu, hier, en compagnie d’un officier. Vous m’avez pris pour un mendiant et vous ne vous êtes pas méfiés de moi. Tu lui as promis de dénoncer un à un les bouviers comme résistants afin de toucher une prime.

Des regards haineux convergèrent vers le Joufflu.

— Non, ce n’est pas vrai… Enfin, pas tout à fait… il faut me comprendre… J’ai menti à cet officier, c’est évident… Jamais je ne vous aurais vendus et…

Des poignes vengeresses l’agrippèrent par sa tignasse et le plongèrent dans le marais.

Le Joufflu ne se débattit que quelques instants, et son cadavre s’enfonça dans la vase.

— À présent, déclara l’Afghan, nous pouvons parler de l’avenir en toute sécurité. Tous ici présents, nous devenons des résistants, et nous risquons donc l’arrestation, la torture et la mort. Mais, si nous sommes vainqueurs, nous deviendrons très riches.

L'empire des ténèbres
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